Client "Client"

Client "Client"

La première rencontre scénique de votre serviteur avec les deux demoiselles de Client eut lieu un soir, à la soirée Panik “Les femmes s’en mêlent”, organisée dans le cadre du festival du même nom.
Ce soir-là, je vis débarquer sur scène, devant les machines deux donzelles habillées de jupes et de chemisiers couleur sable et d’escarpins.

Toutes deux portaient exactement la même tenue, comme deux soeurs jumelles. Sauf que l’une étant blonde et l’autre brune, cela réduit considérablement la probabilité qu’elles soient nées du même ovule. Ce soir-là, je vis deux DJettes toutes penaudes, incapables d’enchaîner deux disques intéressants. Jusqu’à ce que quelqu’un de l’organisation vienne, dépité, leur parler. Impossible d’entendre ce qu’il leur disait, mais on sentait à ses gestes et mimiques qu’il leur disait “non, non, ce que vous passez là, ça pète l’ambiance, trouvez autre chose.”

Affolées, les filles cherchèrent dans leurs disques. Elles en extirpèrent “Blue Monday” de New Order, et voyant que le public aimait ça, se mirent à tendre les mains en cadence aux dessus de leurs machines en direction des danseurs. Bref, elles n’étaient pas DJettes, mais en étaient déjà une caricature… Fin de l’acte 1. Les voici ensuite dans un de mes magazines, photographiées de dos, l’une mettant une main sur les fesses de l’autre. Ou comment essayer de donner dans la subversion avec un geste qui ne choque plus personne.

Acte 2, enfin avec ce disque qui est une vraie purge, une sorte de revival electro-pop eighties, avec un chant insipide, des mélodies benêtes, et des machines qui n’en font qu’à leur tête. Bienvenue dans le machinisme mal contrôlé de Client. Le rythme est souvent un peu trop lent, et donne envie de s’arracher les cheveux. Dire qu’on donne de l’argent à des usines pour qu’elles pressent ce genre de truc laisse tout bonnement pantois. “Satisfaction guaranteed” clament-elle sur le premier titre. On se pince pour ne pas rire. De même que Client sont des caricatures de DJttes, ce sont des caricatures de musiques électro.

Oui, bien sûr, le label Toast Hawai est celui d’Andy Fletcher. Mais ce n’est pas parce que l’on fait partie d’un bon groupe, Depeche Mode, que l’on fait soi-même de bons choix lorsqu’il s’agit de signer des artistes.

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Client “Client” (Toast Hawai/Mute/Labels)

première publication : jeudi 2 octobre 2003

Jean-Marc Grosdemouge