La sagesse rock de Pete Astor
Derrière cette Sagesse d’Harry se cache un vieux de la vieille, l’ex-The Loft et ex-The Weather Prophets Pete Astor.
Astor a formé ce nouveau groupe en 1997 en compagnie de David Sheppard, avec qui il officie aussi sous le nom de projet Ellis Island Sound. Guitariste, Pete Astor bidouille aussi quelques rythmiques avec sa vieille console Atari, sample de vieux disques, et utilise un vieux huit-pistes à cassette, tandis que Sheppard touche aux percus (djembé, batterie pour enfants) au piano-jouet mais aussi aux samples. Si l’électronique est bien présente, le propos, lui est bien folk-blues-country, avec des ballades fondantes (“Crash helmet”, “Cuckoo”), ou la très lambchopienne “Tinseltown”, sur laquelle on entend… l’océan.
Parfois, c’est une guitare qui ressemble parfois à du banjo (“Beercan crown”). Et le tout est servi par des paroles dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles sont un peu barrées : d’ailleurs, comme chaque chanson est “pitchée” dans le livret, il n’est pas dur de comprendre que “Sports boys” évoque un garçon qui en grandissant se déinteresse du sport, que “The capsule” est l’histoir d’un torch-singer qui essaie le voyage dans l’espace, ou que “Joe the astronaut” est un voyageur de l’espace qui part à la retraite et n’arrive pas à trouver la paix. On l’a compris, Astor, qui a enregistré ces chansons au studio Bigfoot, son studio personnel, “sur ce que vous pouvez imaginer” entre 97 et aujourd’hui, aime l’espace. Mais la plupart des chansons évoquent tout simplement l’histoire d’un “torch singer”, un chanteur qui traîte de la déception amoureuse, soit vraisemblable Peter Astor lui-même.
On voit -enfin on entend- rarement un songwriter se mettre autant à nu, se montrer aussi humain dans ses chansons. Et puis la Sagesse d’Harry consiste à créer des univers foisonnant avec trois fois rien (“The Capsule”). Rejoignez-le dans sa bulle, il y a toujours de la place pour les gens sensibles au studio Bigfoot.
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Jean-Marc Grosdemouge
The Wisdom of Harry “Torch division”, 1 CD (Matador/Beggars), 2003.