Michel Leydier "Dutronc, la bio"

Michel Leydier "Dutronc, la bio"

Dans ce livre qui n’affiche pas de parti pris dans son titre (“la bio”… quel platitude), Michel Leydier décrit le parcours de Jacques Dutronc. Pourtant il est tout trouvé cet angle : la vie de Dutronc est celle d’un dillettante qui a touché à la chanson et au cinéma et a connu la gloire sans jamais la chercher. Sa vocation, à Jacquot de la Trinité, c’est plutôt “en faire le moins possible tout en se marrant le plus possible”.

Michel Leydier est né et a vécu une partie de sa vie au Maroc, avant de devenir agent d’artistes dans le domaine musical, puis écrivain. Un jour, pendant les années 60, sur la plage, dans un poste radio à transistor, il a entendu Jacques Dutronc. Ce fut un choc et son amour pour le “chanteur dégagé” n’a jamais faibli. Après avoir signé quelques livres sur le chanteur, il s’attaque à sa bio… avec l’aval de ce dernier.

Il nous décrit le parcours de ce dillettante qui a touché à la chanson et au cinéma et a connu la gloire sans jamais la chercher : “Jacques, ce n’est pas Vince Taylor, ni Johnny Hallyday, ni Edith Piaf. Chanter, communier sur scène avec des inconnus, ça n’est pas vital, pas un credo, pas un sacerdoce, pas même une vocation. Sa vocation, il le répètera à l’envi : en faire le moins possible tout en se marrant le plus possible”. C’est par hasard que Dutronc a chanté : assistant du directeur artistique des disques Vogue, il maquette un titre pour un artiste, et on lui dit que c’est finalement lui qui va l’enregistrer. Mais Dutronc, aime le bon vin, la bonne chère, sa bande de potes et sa liberté. Il parle peu, mais il a la réplique facilement assassine et toujours un bon mot au coin de la lèvre… quand ce n’est pas un cigare. Michel Leydier a passé une partie de l’été 2003 en Corse, chez Jacques et a pu rencontrer sa famille (son père, son frère Philippe, et François Hardy), ses amis (dont Jean-Marie Périer) et ses collaborateurs (Jacques Wolfsohn, le complice des disques Vogue entre autres). Ainsi, il trace sans complaisance le portrait de cet artiste quin chose rare, n’a jamais connu de période de vaches maigres.

Dans les années 60, hors du courant “yé yé”, ils étaient trois chanteurs à apporter un peu de fraîcheur et de subversion : Dutronc, Antoine, et Polnareff. Alors que les mémoires de ce dernier se font attendre, lisons celles de Jacquot de la Trinité, du nom du square parisien de son quartier qu’il fréquenta pendant sa jeunesse. Ce grand amateur de calembours peut se résumer par une pirouette : il n’est “ni trostkyste ni maoïste, plutôt moaïste.”

Jean-Marc Grosdemouge

Michel Leydier “Dutronc, la bio”, Editions du Seuil, Paris, 328 pages, 18 euros.

Jean-Marc