Céline à la guerre comme à la guerre

Céline à la guerre comme à la guerre

L’affaire a fait grand bruit il y a quelques mois : les “manuscrits perdus” de Céline, que ce dernier disait avoir été volés, sont enfin réapparus, au terme d’une rocambolesque affaire. Les experts ont commencé à travailler, les amateurs du docteur Destouches ont pris leur mal en patience… en voici donc une première livraison : “Guerre”.

Ce texte est publié à part, en grand format (19 euros prix de vente conseillé) alors même qu’il est censé faire partie de “Mort à crédit”, dont il est la suite, après “enfance” et “Londres”. Sera-t-il ajouté à la prochaine réimpression de “Mort à crédit” en poche (Folio) ou fera-t-il l’objet d’un Folio en lui même ? Le business a ses raisons que l’amour de la littérature ignore.

Alors lisons… il faut compter compter six heures pour avaler ce récit très enlevé, à la lire à voix haute, en essayant de suivre la façon qu’avait Céline de parler, un peu bourrue, un peu traînante (se référer aux interviews qu’il a données, plutôt qu’à la façon qu’à Luchini de le déclamer). La langue est argotique (le lexique, regorgeant d’argot militaire, est fourni) et c’est du grand Céline : paillard, pour ne pas dire proche de l’ordurier parfois, truculent, au plus près de l’horreur des combats de la guerre de 1914-1918, que Le héros vient de quitter, des acouphènes plein la caboche. Il échoue dans une maison d’éclopés, mais il va s’en passer des choses, croyez-moi.

Depuis, “Londres” est sorti. Et “La volonté du roi Krogold”, sorte de “Games of Thrones” célinien dont il faisait parfois référence dans ses livres. On achètera, on lira. C’est Gallimard qui va s’en mettre plein les poches, mais c’est pas grave.

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Louis-Ferdinand Céline “Guerre”, Editions Gallimard, Paris, 2022, 183 pages. 

Jean-Marc Grosdemouge