Stan Cuesta "Leo Ferré"
Le “vieux lion de la chanson” est mort depuis vingt ans, et de nombreuses biographies lui ont été consacrées. Celle-ci est courte, mais elle nous en apprend tout de même beaucoup sur cet homme qui est à la fois un géant de la poésie et un immense composieur.
D’abord, la grande préoccupation de Léo, à ses débuts, n’était pas les mots (il deviendra au fil des ans un passionné d’imprimerie et publiera des livres) mais la musique. Natif de Monaco, il fut initié très tôt à la grande musique à la salle de musique du Casino de Monte Carlo, où travaillait son père. Deuxièmement, bien qu’il se soit beaucoup réclamé de l’anarchie (qu’im considérait comme une “formulation politique du désespoir”) en finançant des journaux et en aidant la Fédération Anarchiste, il n’a pas toujours rechigné à demander de l’aide aux pouvoirs en place. Ainsi, en 1953, il a reçu chez lui à Paris, boulevard Pershing, le prince Rainier (dont il était le sujet) pour lui faire entendre pour lui faire entendre sur son piano un oratorio écrit pour orchestre. Le prince mettra à sa disposition l’opéra de Monte Carlo, où l’oeuvre sera créée en avril 1954. Ceci dit, en 1987, il a refusé de se produire à l’Opéra Bastille pour y diriger un orchestre. Ferré ne voulait pas être redevable de quoi que ce soit envers l’Etat en acceptant cette proposition de Jack Lang. On imagine combien cette décision a dû être douloureuse à prendre : comme nous l’apprend Stan Cuesta, à l’âge de cinq ans, Ferré dirigeait des orchestres imaginaires sur les remparts de la ville.
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Stan Cuesta “Léo Ferré”, Librio Musique, 2003, 90 pages.