Chemins noirs, espoir
A chaque fois que je finis un livre de Sylvain Tesson, je me sens en route vers quelque chose.
La route, la vraie, celle qui épuise le corps mais ouvre l’esprit, Sylvain Tesson l’a prise, après avoir chuté d’un toit. Il venait de perdre sa mère, il était alcoolisé et patratas.
Sur son lit d’hôpital, alors qu’il était en mille morceaux, Tesson, géographe de formation et grand voyageur devant l’Eternel, s’est dit : je partirai à pied. Son projet : parcourir la France en diagonale, de la frontière italienne au Cotentin.
Les chemins noirs ce sont les petits sentiers des cartes d’état major que l’auteur transporte avec lui. Un pas apres l’autre, sans Google Maps Tesson s’est remis dans la bonne direction. Plongé dans des cartes au 1/25000e et dans le silence, il s’est retrouvé.
Convoquant Cocteau ou Bernanos, celui que d’aucuns considèrent comme un anar de droite, scrute la France de près. Ça donne envie d’aller boire un Viandox bien chaud sur le zinc du bar d’un village paumé en pleine cambrousse, en lisant la PQR, entendez : presse quotidienne régionale. Sauf que parfois, lire la PQR ca salit les mains et l’âme. Lire Tesson fils, ça rend meilleur.
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Sylvain Tesson “Sur les chemins noirs”, éditions Folio, Paris.