L'effet Placebo
Près de dix ans après ses débuts, il y avait matière à écrire une bio de Placebo. C’était chose en faite en 2005 avec “Placebo. Des cadences et des maux” de Sébastien Michaud. Et qu’on ne s’y trompe pas : même si la couverture ne présente qu’un visage, il ne s’agit pas d’une bio exclusivement centrée sur le frontman luxembourgeois Brian Molko, mais bien sur le groupe tout entier.
Molko ; un être qui détonait dans le paysage musical en pleine vague britpop : ses ongles peints et son look sophistiqué tranchaient avec les dégaines de prolo à la coule que se tiraient Damon Albarn de Blur ou Liam Gallagher d’Oasis, les deux groupes du moment.
C’est bel bien le parcours du trio apatride (Stefan Olsdal à la basse, Steve Hewitt à la batterie) puisqu’il tient à préciser qu’il n’est pas un “groupe anglais”, qui nous est narré : de la création du groupe à son récent live “Soulmates never die” en passant par les difficultés du groupe à percer aux USA, on accompagne Placebo en studio et en bus de tournée. Le récit manque parfois de parti pris (l’auteur a par exemple l’habitude de compter les points entre critiques négatives et critiques positives dans la presse à chaque sortie d’album), et il faut bien toute l’attitude hautement “sex, drugs and rock’n’roll” de Molko (bisexuel, ayant touché à pas mal de substances et showman de valeur) pour donner un peu de souffle à cette biographie.
Une biographie qui traite autant de cadences (c’est une belle synthèse du style musical de Placebo et de ses thèmes de prédilection, puisque les textes de chansons sont disséqués) que de décadence. Comme cet épisode de tournée où Brian Molko, ayant découché après un concert, a dû s’acheter le “NME” pour savoir dans quelle ville le groupe jouait le soir même, afin de prendre un taxi pour y retrouver les autres membres. Si vous voulez retrouver la route d’un rock à la fois un peu ambigü et grand public, pervers mais pas pépère, montez donc à bord de ce Camion Blanc.
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Sébastien Michaud “Placebo. Des cadences et des maux”, Editions Camion Blanc, 2005, 332 pages.