Plus dure sera “La chute”

Plus dure sera “La chute”

Oserai-je l’avouer, dussé-je en mourir de honte sous les huées, j’ai peu lu Albert Camus mais à chaque fois je suis épaté par cet alliage de style, de hauteur de vue, et de subtilité dans la description de la psychologie des personnages.

Après avoir lu “L’Etranger” étant adolescent (je n’y ai rien compris) puis l’ayant relu il y a quelques années en pressentant que ce serait une révélation (bingo), je lis mon deuxième roman de ce grand homme.

C’est la lecture d’Edouard Baer et de ses (“Elucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce”) qui m’a donné envie de lire ce livre. La chute c’est la fois celle de la jeune femme dans la Seine, un soir, et celle du narrateur, Jean Baptiste Clamence, qui n’a pas sauté à l’eau pour aller la sauver. Il se remémore ses mensonges d’autrefois, aux autres et à lui même, et la comédie qu’il jouait face aux autres.

Maintenant qu’il est juge-pénitent au bar Mexico City, à Amsterdam, il joue toujours la comédie (la fin de sa confession échevelée explique comment). Mais il est dans une forme de vérité. Il se permet tout parce qu’il a peur de la mort, ça le distrait. Voilà qui le donne envie de relire “La conversation” de Lorette Nobecourt, autre roman-confession de haut vol.

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Jean-Marc Grosdemouge

Albert Camus, “La Chute”, Folio/Gallimard.

Jean-Marc Grosdemouge