Sylvain Tesson sur les traces d’Homère

Sylvain Tesson sur les traces d’Homère

Quand j’étais enfant, j’étais fasciné par le dessin animé « Ulysse 31 » qui été diffusé sous forme de feuilleton chaque soir sur FR3. J’ai vite appris que cette fiction était adapté d’une œuvre antique qu’on appelait « L’Odyssée ». D’ailleurs le vaisseau spatial d’Ulysse s’appelait Odysseus. Dis maman, tu veux bien m’acheter le livre d’Homère ? Autant dire que pour le gamin de dix ans , passer de Nono le robot mangeur de petits clous aux dieu assemblés sur l’Olympe, le choc a été rude. Le livre fut refermé au bout de vingt pages. Je n’ai jamais plus lu « L’Odyssée », bien que mes études d’histoire m’eussent amené sur les bords de la mer Egée, près d’Athènes et de Sparte… Comme pour Proust (qui a aussi son volume dans sa collection) mieux vaut s’armer d’un bon guide avant de plonger dans l’œuvre en elle-même. Et quand le guide se nomme Sylvain Tesson, dont j’ai adoré « S’abandonner à vivre » et « Dans les forêts de Sibérie », c’est parfait.

Chacun le sait, Tesson, qui se dit amateur d’alcool et d’alpinisme, qui se balade à pied ou à motodans le monde entier, est aussi un homme sacrément antimoderne. Et Homère est sa grande référence, sa boussole, comme Céline est celle de Luchini et comme Jésus Christ est le guide de mon curé. Justement Tesson précise souvent qu’on est ici huit siècles avant notre ère et que l’homme grec antique était pétri de valeurs qui ne sont pas (ou plus) les nôtres.

Résumé de « L’Iliade » : aiguillonnés par les dieux qui sont querelleurs et poussent parfois les humains à en découdre, c’est la guerre de Troie et les héros (dont Tesson admire le côté viril, bien loin de notre époque où la masculinité est souvent qualifiée de toxique) se mettent méchamment sur la gueule. On est dans la démesure : ce que les Grecs nomment « Hubris ». La valeur d’un homme grec c’est son sens de la mesure (viril mais mesuré c’est possible) et les Dieux punissent les héros : pour la plupart c’est la mort. Et pour Ulysse, c’est la punition infligée par Poséidon.

Résumé de « L’Odyssée » ; Ulysse erre dans la Méditerranée pendant 20 ans avant de rertrouver Ithaque, son fils et sa femme qui tricotait et s’appelait Pélélope comme madame Fillon.

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Jean-Marc Grosdemouge

Sylvain Tesson, “Un été avec Homère”, Editions des Equateurs.

Jean-Marc Grosdemouge