Gonzales en concert (L’Européen, Paris, samedi 26 avril 2008)
“J’ai appris à travailler en équipe” explique Gonzales… et dans l’équipe sur scène ce soir, tout le monde porte des bretelles et une cravate orange. Heureusement loin de ressembler à une convention d’entreprise de vendeurs de chez Darty ou de chez Vogica, l’ambiance est survoltée chez le Canadien.
Gonzales s’est toujours réinventé : quand on a fait connaissance en 2000, il portait le survètement et rapait en compagnie de Peaches sur des bandes enregistrées. Pour la promotion de l’album “Presidental suite”, il arborait un costume rose et un chapeau colonial, et puis on l’a connu dans sa période “Piano Solo” (on atteignait là le maximum de crédibilité artistique). Celui qui, entre temps est aussi devenu un producteur demandé (il officie en compagnie de Renaud Létang) est de retour ces derniers temps avec l’album “Soft Power” (voir notre article), et lui et son groupe portent tous le costume, la chemise, les bretelles et chacun a noué à son cou la même cravate orange aux couleurs de Gonzo.
Quand tout ce petit monde déboule sur scène, on se croirait dans une convention d’entreprise de vendeurs de chez Darty ou de chez Vogica. Sauf que l’ambiance est soul, pop, rap (Gonzales reprend ses tubes, réorchestrés pour l’occasion), et l’on peut entendre quelques mesures de “Your are never alone” de Socalled (présent au clavier) dans un titre de l’entertainer qui achève ce soir une série de concerts débutés le 22. “Certains m’ont connu dans ma période méchante ?” demande Gonzales. Des “oui” résonnent dans la salle. “Il n’existe plus” confie le chanteur… “J’ai appris à travailler en équipe”. La suite nous prouvera que non, puisqu’il s’amuse à se brouiller avec ses musiciens (il va même jusqu’à leur cracher dessus), qui rejoignent les coulisses, fumasses.
Tout cela est bien sûr joué, et cela donné l’occasion à Gonzales de s’adonner à deux titres piano solo. petit moment de calme relatif avant de repartir de plus belle dans un concert énergique : on a même vu Gonzales debout sur son tabouret de piano. A la batterie, c’est Mocky qui impulse les rythmes et il n’est pour rien dans la chaleur qui a régné ce soir dans la salle. Au premier rang, l’artiste Virgile Ittah, ravissante avec ses escarpins à talon, n’en rate pas une miette avec son Leica. Après que Gonzales ait lu trois chroniques (inventées ?) à propos de son dernier album, tout cela a fini acoustique, dans la rue, les musiciens et le public bloquant la rue Biot pour reprendre tous en choeur “These are the good old days” de Socalled (voir notre article). Les bons jours ne sont pas toujours derrière nous : on vient d’ailleurs d’en vivre un ce soir.
première publication : dimanche 27 avril 2008